Les abeilles du jardin avancent dans leur saison, maintenant que le printemps est passé et que les principales récoltes sont au chaud dans la ruche, elles se préparent à l’hiver. La reine réduit progressivement sa ponte pour faire diminuer la population de la ruche et les ouvrières se chargent de l’élimination des bouches inutiles à nourrir : j’ai nommé les faux-bourdons, les mâles.
Au printemps, ils sont destinés à féconder la nouvelle reine si l’ancienne essaime mais ils ne savent faire rien d’autre. Du coup, en ce moment, c’est la panique à bord, la saison d’essaimage étant terminé, les mâles sont évacués manu militari par les ouvrières qui en profitent au passage pour leur casser qui une aile, qui une patte, vengeance mûrement attendu après avoir entretenu ces messieurs toute la saison. Plus vraisemblablement, en leur cassant ailes et pattes, les ouvrières s’assurent qu’ils n’auront pas la force de revenir dans la ruche. Au printemps prochain, la reine pondra à nouveau un « stock » de mâles pour assurer la fécondation d’une éventuelle nouvelle reine. Quant à cet hiver, ce sera autant de miel économisé.
Par ces grosses chaleurs, les abeilles ont activé l’air conditionné de la ruche, elles se mettent sur la planche d’envol et créent un courant d’air de manière à la refroidir.
Enfin, les abeilles ont adopté un comportement un peu particulier ces derniers jours. Les gardiennes se sont positionnées au sommet de la colonne d’envol. On pourrait expliquer ce phénomène par les fortes chaleurs et par le fait que certaines abeilles restent à l’extérieur de la ruche pour en limiter la chaleur. Mais cela ressemble à tout autre chose. Il s’agit d’un mécanisme de défense qu’elles ont imaginé contre le frelon asiatique.
Ce dernier harcèle régulièrement les abeilles, il se positionne en vol stationnaire en haut de la colonne et attrape au vol les butineuses de retour de leur butinage.
Les abeilles se sont adaptées et dés qu’un frelon passe par là, elles s’agitent, elles tendent leur patte et on pourrait presque entendre les « viens là si t’es un homme », « attends que je t’attrape », et autre invectives du même acabit.
Attention, je ne veux pas dire par là que les abeilles ont trouvé une solution à ce fléau, loin s’en faut, si elles arrivent à gêner les frelons, c’est déjà beaucoup mais ce qui est remarquable, c’est qu’elles se soient adaptés à la ruche pédagogique et en aient déduit le système de protection qui leur semblait le plus efficace.